Dans un post précédent, nous avons parlé des différents types de finition en peinture automobile, en expliquant les caractéristiques et la composition de chacune d’entre elles, ainsi que l’importance de leur correcte identification pour la rentabilité d’un atelier de carrosserie et de peinture.
L’objectif de cet article est d’approfondir la connaissance des finitions de la peinture tricouche, un système de peinture de plus en plus demandé par les automobilistes en raison de son attrait esthétique et spectaculaire.
Que sont les couleurs tricouches ?
Au départ et en raison de leur coût élevé, les couleurs tricouches étaient réservées aux voitures de luxe et haut de gamme.
Toutefois, avec le temps, leur utilisation s’est répandue chez les fabricants. Aujourd’hui, pratiquement toutes les grandes marques proposent ce type de couleurs dans leur catalogue pour leurs nouveaux modèles.
Malgré un coût plus élevé par rapport aux autres finitions, la demande de couleurs tricouches émanant des conducteurs est de plus en plus importante.
La finition spectaculaire et la vivacité de la couleur sont quelques-unes des raisons pour lesquelles la peinture tricouche devient de plus en plus appréciée.
De l’autre côté de la balance se trouve le peintre professionnel, pour qui la complexité des réparations et la demande de résultats optimaux en matière de remise en peinture augmentent.
Cette évolution technologique de la couleur entraîne également une plus grande complexité et préparation, ce qui aura certainement un impact sur le temps et le coût de la réparation.
Il est donc essentiel que le professionnel possède les connaissances appropriées pour faire face à ce type de travail.
Le passage de l’application de couleurs solides à des couleurs métallisées a déjà constitué une avancée majeure dans le travail quotidien de l’atelier de carrosserie et de peinture.
L’apparition de ces nouvelles couleurs avec des pigments à effet métallique et nacré (Colorstream, Xirallic…) a multiplié les possibilités de travail et leur difficulté. Si l’on ajoute à cela le fait que chaque fabricant peut avoir un type d’application unique pour une même formule de couleur, ou l’utilisation de bases différentes pour obtenir le même résultat, les possibilités augmentent de façon exponentielle.
Couches qui composent la peinture tricouche automobile
La finition tricouche est un type de finition de peinture automobile qui se compose des couches suivantes :
- Première couche : une couche de couleur d’apprêt, composée de différentes bases du système de peinture. Elle sera chargée de donner la teinte générique de la finition.
- Deuxième couche : la composition de cette couche peut varier d’un fabricant à l’autre. Certains systèmes de peinture utilisent une couche colorante translucide, qui permet à la lumière de pénétrer et d’être réfléchie sur le fond. Pour une plus grande simplification et flexibilité lors du processus, nous avons développé chez SINNEK un système d’application innovant qui optimise la correspondance de la couleur dans des couleurs complexes tricouches, à partir d’une couleur de base spéciale intégrée dans le système Série W6000, le WS/6134 Transparent Red. Cette base offre de nombreux avantages par rapport au système traditionnel de vernis teinté, tels que la réduction des coûts et du temps de réparation ou l’amélioration de la capacité d’estompage.
- Troisième couche : une dernière couche de vernis pour donner à la finition la brillance et la protection nécessaire.
La principale différence entre les couleurs bicouches et tricouches est que ces dernières offrent une plus grande vivacité de couleur, un mélange d’effets de profondeur et une grande variété de reflets.
Types de finitions tricouches
En fonction du type de pigmentation de la première et de la deuxième couche, nous pouvons classer les finitions tricouches en :
Finition tricouche avec base de couleur solide/effet nacré
Cette finition tricouche est généralement utilisée dans les couleurs rouge et jaune nacrés, mais surtout dans les blancs nacrés.
C’est sans doute le type de peintures tricouches le plus utilisé par les fabricants et les consommateurs, et il est devenu tendance, en raison de son éclat lorsqu’il est exposé à une source de lumière intense telle que le soleil. On l’obtient en appliquant les couches suivantes :
- Une première couche pour la base de couleur solide, dans l’échelle de gris, et qui n’aura pas d’impact sur la couleur finale, mais qui sert à obtenir le mélange.
- Une deuxième couche avec effet nacré semi-transparent, qui donne de la profondeur à la couleur de fond solide ainsi que des reflets selon l’incidence de la lumière.
Finition tricouche avec base métallisée ou nacrée/effet solide
Cette option est de plus en plus appréciée, et il est de plus en plus fréquent de voir des voitures avec ce type de finition tricouche sur les routes. On l’obtient en appliquant les couches suivantes :
- Une première couche de base métallisée (généralement argentée), dans l’échelle des gris, qui n’aura pas d’impact sur la couleur finale, mais qui sert à obtenir le mélange.
- Une deuxième couche de vernis teinté semi-transparent, qui servira de couche d’effet. Cette couche est composée de résine, ainsi que de bases ou d’additifs qui lui apportent de la couleur. Bien qu’elle soit appelée vernis ou laque teintée, elle fonctionne en fait comme une base de couleur, qui n’est pas durcie et qui est appliquée avant la laque. Cette couche va teinter la couche de base métallisée, ce qui donne un éclat métallique très saisissant.
Parmi les finitions tricouches les plus connues sur le marché, on trouve des rouges nacrés comme le Hot Magenta de Ford (9RTEWTA), des verts comme l’Ultimate Green (9GFE5ZA) et des rouges tricouches comme le Rouge Babylone de Peugeot ou Citroën (LKR), le Rouge Flamme de Renault (NNP), le Rosso Competizione d’Alfa Romeo (134/B) et le très populaire Soul Crystal Red de Mazda (46V).
Comment effectuer une remise en peinture sur une couleur tricouche
Chez SINNEK, nous nous efforçons toujours de respecter les spécifications de la fiche technique en termes de temps de séchage, de réglage du pistolet ou d’application de la couche d’effet, afin de minimiser l’apparition d’éventuelles erreurs dans la réparation.
En raison de sa plus grande complexité, la finition tricouche est un type de finition qui implique plus de temps de travail et de coûts de matériaux (matériaux pour la couche d’effet, récipient de mélanges, etc.) que les couleurs monocouche ou bicouche.
Le processus de réparation comprend les étapes suivantes :
1. Choisir la bonne variante de couleur
Afin de choisir le bon code de couleur, nous devons d’abord savoir si le véhicule a été repeint ou s’il a conservé sa couleur d’origine. S’il a déjà subi des réparations de carrosserie, nous vous recommandons d’utiliser le spectrophotomètre pour obtenir une mesure de couleur correcte.
De cette manière, nous minimisons les éventuelles erreurs de correspondance des couleurs, en obtenant des informations beaucoup plus précises sur la couleur que si nous prenions comme référence la carte physique correspondant au code couleur de fabrication du modèle.
2. Nettoyage et dégraissage de la surface
Nous nettoierons soigneusement la surface à réparer avec du dégraissant et un tampon d’essuyage.
3. Déterminer le nombre de couches à effet à appliquer sur la couche de base
Nous effectuerons différents essais de couleur sur différentes plaquettes métalliques d’échantillon.
Cela nous permettra d’ajuster la couleur finale et de savoir combien de couches de la deuxième base nous devrons appliquer pour obtenir le meilleur résultat. L’essai consistera à :
- Appliquer première base bicouche (apprêt) + temps d’évaporation stipulé. Dans la Série W6000 de SINNEK, cette première couche est toujours activée, afin d’assurer la stabilité et la réaction du processus. Nous disposons d’une heure (en fonction de la température ambiante) à partir du moment où nous faisons le mélange avec l’activateur.
- Appliquer deuxième base bicouche (nombre de couches en fonction de la couleur) + temps d’évaporation stipulé.
- Appliquer vernis + temps d’évaporation stipulé.
Une fois que toutes les plaquettes métalliques d’échantillon sont prêtes, nous les comparerons avec la surface de la pièce à réparer, pour savoir laquelle reproduit le plus fidèlement la couleur, et quel est le nombre de couches le plus approprié.
Il est important que ces essais soient effectués par le même technicien qui effectuera la réparation sur le véhicule.
Chaque professionnel peut appliquer les coups de peinture avec une distance ou un mouvement d’application différent, de sorte que le nombre de couches d’effet nécessaires peut varier d’un peintre à l’autre.
En outre, il faut tenir compte du fait que l’épaisseur de la couche produite par un système tricouche sera beaucoup plus importante que dans les autres finitions.
Si l’épaisseur est trop importante, la peinture à base d’eau peut contenir une certaine humidité, ce qui rend son durcissement difficile et affecte par la suite la tension de la couche de vernis du dessus.
Pour éviter ce problème, il est essentiel de respecter les intervalles d’évaporation entre les couches recommandés par le fabricant.
5. Couleur de l’apprêt en fonction de la couleur de finition
Nous ne devrions pas utiliser un type de couleur d’apprêt par système, mais plutôt l’adapter en fonction de la teinte de la finition tricouche à appliquer. Ainsi, dans une couleur blanche tricouche, nous recommandons de toujours d’utiliser un apprêt blanc, ou dans des couleurs foncées tricouches, un apprêt noir ou gris.
La raison principale est que la couleur tricouche appliquée sur un apprêt de teinte similaire nécessitera moins de couches pour obtenir une opacité et un pouvoir couvrant corrects, ce qui minimise les risques d’obtenir une correspondance de couleur incorrecte ou d’éventuels défauts de peinture tels que les pertes de brillance.
4. Application de la couleur tricouche avec estompage
Une fois que nous avons effectué les essais de couleur sur les plaquettes métalliques d’échantillon et que nous avons choisi l’une des variantes, nous procédons à son application sur la surface à réparer.
Comme nous l’avons mentionné plus haut, les éventuelles variations de distance et de vitesse d’application, ainsi que l’épaisseur des couches, sont des facteurs qui peuvent entraîner des différences de couleur.
C’est pourquoi, dans les finitions tricouches, il est recommandé d’appliquer le produit en utilisant la technique de l’estompage, afin de minimiser toute erreur de correspondance ou saut de couleur éventuel, en particulier entre les pièces et les zones adjacentes.
Ce type de pratique est également recommandé pour les finitions bicouches, à l’exception du fait que dans une couleur tricouche, nous devons estomper à la fois la couche de base et la couche d’effet.
Lorsque l’on estompe deux couches, nous aurons besoin de plus d’espace pour effectuer un estompage qui ne soit pas visible, nous utiliserons donc plus souvent les zones adjacentes que dans d’autres finitions.
Conclusion
Comme nous l’avons observé, les finitions tricouches sont sans aucun doute plus complexes que les autres types de finitions.
Toutefois, si les spécifications de la fiche technique du fabricant de peinture sont respectées et que les délais de chaque processus sont respectés, tout professionnel expérimenté sera en mesure d’obtenir des résultats avec un niveau élevé de correspondance de couleur lorsqu’il sera confronté à la réparation d’une couleur tricouche.
La maîtrise de son application aura également un impact sur la rentabilité des ateliers, en contribuant à accroître leur productivité et leur efficacité.